Fouille de la ville

La lune venait de changer et les bruits de grincement du zombi avaient disparu avec elle.
Toute la nuit cette chose avait gémi et chouiné, Lëana ne dormait pas, elle ne supportait pas ces individus...
Ils lui faisaient peu autant qu'ils la repoussaient...
C'est avec soulagement qu'elle accuillie le silence.

Réveillant le Rainbow ils décidèrent de partir voir les réserves de la ville afin récupérer d'eventuelles vivres.

L'expédition fut rapide, en quelques minutes Lëana accompagnée des membres du rainbow découvrit la remise et les piètres réserves qu'elle contenait...

Tout était pourri.
Abandonné depuis plusieurs lune, la moisissure s'était emparée des rares vivres qui restaient, et de l'eau croupi d'où se dégageait une odeur nauséabonde occupée trois bidons dans le fond de la pièce.

Seul quelques clous, bout de ficelle et autres objets étaient utile.
Deux kilos de matériels pas plus.

Lëana les récupéra et les remis à Rynn...

Et bien, pas fameux.
Nous arrivons un peu trop tard il me semble.

Sur le chemin de retour vers le campement, Lëana parla de Riwiël.

C'est une femme charmante qui semble avoir du caractère.
Elle est un peu le porte parole de leur groupe et c'est également elle qui gère les décisions apparement.

Dans tous les cas ils nous accompagnent!
Plutot une bonne nouvelle...
Enfin...
Si vous voulez mon avis certains des leurs son... bon pour passer à la trape...
des zombis...
quel dommage.

Mais bon, ce qui compte c'est que nous ayons de nouveaux compagnons de route et qui sait peut-être de futur sympathisant à notre cause!

Se faisant en discutant, le petit groupe sorti de la cité en ruine. Absorbé dans la conversation, personne ne s'était aperçu (ou tout le monde avait tant espéré?) de la disparition de Strangie...

Strangie avait profité de l'absence du reste de la troupe pour se permettre de passer un message. Un message destiné à une personne d'origine douteuse, peu recommandable...une raclure de plus au pays des fous furieux.

Il n'avait pas entendu la jeune femme. Ainsi, il pensait qu'il avait encore une bonne marge de manoeuvre. Mais cela faisait une minute qu'il n'avait pas regardé derrière son épaule, une minute de trop.

Lëana put entendre la dure voix d'un homme s'élever dans la petite cabane:

"Merde alors...
C'est ou l'oesophage? *renifle* "

Ce à quoi le vicieux Docteur répondit, très enthousiaste:

"Ne vous en faites pas, nous aurons tout le loisir d'en parler après...che vous ferai eine étude détaillée, voyez..."

La piteuse et sournoise entreprise allait pourtant se terminer bien vite...

Lëana était tremblante de rage. La main fermement serrée sur le manche du morceau de bois, elle s'approchait aussi calmement que possible du dos de Strangelove.

Ce dernier avait outrepassé le peu de droit qu'il possédait...
Je vais te briser les mains pensa-t-elle...

S'approchant discrètement du vieux médecin concentré sur sa conversation, elle éleva doucement son bras armé au dessus du crâne dégarni de Strangelove.
Un pas de plus et elle assura sa prise sur l'arme à deux mains.

Strangelove du sentir le danger, alors que sa tête se tournait subitement, il aperçu l'oeil sombre de Lëana et le rictus mauvais qui barrait son visage.
Il n'eut pas le temps de prononcer un mot quand le gourdin s'abattit violemment...

BLAM

La radio vola en morceaux sous la violence de l'impact.
Lëana se remit en position et foudroyant Strangelove d'un oeil qui ne laissait entrevoir que du mépris elle dit:

Qui était-ce et qu'avez vous dit?

Sa question ne laissez pas vraiment le choix à la discussion, déjà elle commençait à relever son arme en attendant la réponse du docteur.

A la vue du baton, le visage de Strangelove se déforma comme s'il avait vu le diable en personne. La menace lui paraissait bien dérisoire, et, jouant avec une peur qu'il ne connaissait pas, il commença à bredouiller. Il levait même pitoyablement ses bras au niveau de son visage, comme s'il s'en servait comme prévention à un éventuel coup de gourdin.

"Nein, nein, nein", répétait il, comme un enfant qui vient de se faire prendre à commettre une stupidité de qualité et qui essaye de se défendre par des mots vains.

Mais la comédie ne dura pas longtemps, et toute l'activité musculaire qui agitait le Docteur d'une fausse stupeur s'arrêta net. Il tourna la tête de façon à ce qu'un des yeux puisse voir au dessus de son bras, puis sussura la réponse tant attendue:

"Mais ça me parait évident, Mademoiselle Lëana. J'appelais le marchand de glace. J'ai très envie de sucer quelques choses, voyez..."

Il termina sa phrase par un rire de dément qui emplit la petite cabane défoncée d'une ambiance horriblement malsaine.

A nouveau le sang coulait abondamment, il ruisselait lentement sur sa chemise déja maculée par les résidus de son estomac. Son visage était rouge pivoine, parsemé d'oeufs de poule et de bleus, cernés par les flots de liquide rouge qui sortaient des plaies ouvertes; sa tête était devenu chaotique, aussi chaotique que l'immensité désertique.

La main gantée semblait à nouveau comme incontrolable, essayant tant bien que mal de défaire l'emprise de fer qui cernait durement son poignée. Strangelove essaya de la retenir grace à son autre bras, mais la puissance qu'elle dégageait et la douleur qui l'envahissait le firent très vite changer d'avis, laissant la bête indomptable à son étrange forfait.

Ses yeux commencaient à voir flou, et son cerveau perdait peu à peu conscience. Mais soudain, dans un élan de lucidité aussi formidable que brutal, il prit à nouveau la parole, poursuivant l'insolence de sa précédente phrase:

"A la vanille ou au chocolat, Mademoiselle Lëana?"

A peine eut il le temps de finir cette phrase que le gant de cuir et son contenu vint se poser droit sur le flanc gauche de Lëana, la palpant quelques millièmes de secondes dans la fureur du moment, aggripant ses doigts à la chair et aux muscles.

Etait ce un geste maitrisé ou un acte complétment inconscient? En tous les cas, cela allait être une regrettable erreur. L'alliance du mot et du geste n'est jamais très bon, quand la personne victime est susceptible de se venger...

Et comment!

Sylvia s'assit dans un coin, la lance plantée à ses côtées, prête à la dégainer, puis observa d'un oeil distrait la colère de la femme, la tête un peu ailleurs... puis elle murmura :

Si tu as besoin de moi je suis là...

Lëana avait perdu l'esprit, la rage de s'être fait trahir l'avait aveuglée.
Elle tournait et tournait encore le bâton dans la gorge du médecin d'où sortait de sinistres gargouillis.
Celui-ci se débattait tant bien que mal, faisant des signes incompréhensibles pour se délivrer et tentant péniblement de ne pas s'étouffer.

La voix de Sylvia dans son dos brisa la communion obscure qui liait ces deux êtres.
Le bourreau aux cheveux de feu et sa proie agonisante sur son fauteuil n'étaient plus seuls...
Une terrifiante petite voix que Lëana n'avait encore jamais entendu lui intimait de ne pas tenir compte de l'intrus et de continuer à faire souffrir celui qui la rendait folle depuis tant de lunes...

AAAAHHHH........... NON!


D'un coup sec elle se retira.
Le bâton volant à l'autre bout de la pièce, Lëana tomba à la renverse dans les détritus qui encombraient le sol de la salle de communication.
Allongée sur le dos elle pu voir distinctement pour la première fois, Sylvia qui la regardait impassible, un sourire amusé marquait son visage.

Sy... Sylvia...!?!

Se redressant elle mit un genou à terre et observa la jeune femme. Son visage semblait avoir vu tant d'horreur, ses mains, encore couverte de sang séché, commis tant de crime....
Un instant Lëana se prit à aimer cette femme. Elle avait du beaucoup souffrir pour pouvoir affronter le mal avec autant de détachement...

Derrière elle, Strangelove se remettait péniblement. De nombreuse quintes de toux lui permettant d'expulser des coulées de vomis de sang et quelques morceaux de dents brisées...

Se remettant debout elle regarda Sylvia en l'invitant à la rejoindre.

Tu peux... m'aider.
Cet enf... ce sinistre individu vient de nous vendre...
J'étais...
hésite.
J'étais en train de... hum... de l'interroger.

Se retournant aussi sec.

Strangie.
Parle.

Désormais aucun autres mots n'étaient nécessaire. Il arrivait un moment ou le prisonnier et son bourreau avait un tel degrés d'expérience commune que l'un comme l'autre se doutaient de la tournure que prendraient les évènements.

Pour une fois, Strangie avait sa vie entre ses mains.

Son sourire s'évanouit et elle observa un moment Lëana avant de s'avancer vers le vieillard blessé. Passant un doigt sur le sang, elle le posa ensuite sur sa bouche en une moue songeuse pour chuchotter...

Tu vas dire à Lëana ce qu'elle veut savoir ou je bouffe tes bras et tes jambes devant toi, tu peux prendre ça comme une menace, libre à toi de ne pas le prendre au sérieux...

...puis elle se releva souriante, lui faisant un clin d'oeil. Elle se rassit alors près de sa lance et attendit, les yeux clos.

Après avoir crachoté tant bien que mal ses petites dents toutes fracassées et évacué le sang qui obstruait sa bouche, le docteur s'essuya la bouche du revers de la manche. Sans ses lunettes et avec le choc de l'attaque, il ne voyait plus très bien, et par conséquent, le regard de Lëana se faisait flou, distant, ce qu'il ne pouvait bien sur pas supporter. Sa voix était rauque et cassée quand il prit la parole, et il s'arrêtait souvent pour évacuer d'immondes crachats.

La...personne que j'ai pu...conta...contacter est Wade. On a parlé affaire...tous les deux...mais malheureusement...je n'ai pas pu...lui donner...la finalité...du contrat...vous...

Qu'est ce que vous...croyez...ma pauvre fille...je ne veux pas...pas aller chez la honte du désert...et je ferai tout pour...l'éviter...les Dobermen...se font....insulter...de tout côtés...Nirky...mégalo...les autres suiveurs...stupides...débiles légers...veulent ma mort...


Sur cette dernière parole, il perdit connaissance, les yeux complétement révulsés. Peut être y était elle allé un peu fort?

Wade.. .Wade... Wade...
Elle avait déjà entendu ce nom mais où...

Il fallait qu'elle se souvienne...
Aaron Wade... les ondes publiques... la cité de Luudion a son début... l'allemand....
OUI!
L'allemand!

c'était un ami de l'allemand déjanté... Kassbrick ou quelquechose du genre...
Un vrai fou à l'époque...
Et ce Aaron ne valait pas beaucoup mieux...
Quand elle avait repris Luudion, il voulait bien l'aider en échange de ...
service qu'elle aurait pu lui rendre...
Pouah!
Les hommes...

Tout en réfléchissant elle s'approcha du médecin dans son fauteuil, du sang et du vomis plein ses vêtements...
Et dire qu'il faudrait supporter cette odeur.

Elle se baissa et ramassa une dent presque intacte, la regardant de près puis l'éloignant...
Elle venait de faire couler le sang...
Pire elle venait de torturer quelqu'un...

Un vague remord la pris...
Mais le nom d'Aaron et le danger qu'il représente le fîre taire pour l'instant.

Sylvia.
Tu pourrais le réveiller s'il te plaît.
Hum...

Vas-y doucement, il a suffisamment souffert pour aujourd'hui.
Et puis il faut qu'il puisse parler, nous avons encore des choses à lui demander.

Elle changeait... beaucoup d'évènement l'avait modifié dans sa vie... mais cet homme, cette petite chose sur son fauteuil était en train de la transformer littéralement...
En quoi...?
Trop tôt pour le savoir.
Elle balaya ces questions de son esprit, après tout, si elle voulait s'attaquer au morceau Arkhamiste, il fallait enterrer une grande part de son humanité...
Combattre le mal par le mal...
Elle comprenait enfin cette phrase.

Sylvia ouvrit les yeux et posa un regard ou passa un bref voile de tristesse sur Lëana, puis elle s'approcha du docteur.
Prenant une minute pour passer en revue les façons de réveiller une personne dans cet état, elle finit enfin par déclarer :

Ca va un peu piquer... mais j'ai pas mieux pour le réveiller avec ce qu'il a pris.

Tirant son sac vers elle, elle nettoya brièvement le blessé, puis elle prit une toute petite quantité de sel qu'elle plaça délicatement sur une des plaies du corps inconscient. Elle se tenait prête à nettoyer ensuite la plaie, avant qu'il ne perde à nouveau connaissance à cause de la douleur...

Le réveil fut dure, mais le Docteur tint bon. Il secoua la tête pour reprendre connaissance, grimaça légérement à la douleur du sel sur sa plaie ouverte. Il avait connu bien pire avant, et cela ne le dérangea pas plus que cela. Il refusa d'ailleurs le nettoyage de Sylvia:

Laissez, ça désinfecte...

Il se tourna alors vers Lëana, cherchant toujours à déceler la lueur de son regard:

J'ai dit...à Wade...que...*crache*...que nous étions au nord de l'ancienne Alpha Nuke...il m'a dit être...intéressé par le deal...mais qu'il avait d'autres chats à fouetter...voilà pour la petite histoire...madame la cinglée...tout ce que vous avez réus...réussi sur moi...avec vos tor...tortures...vos menaces...et tout le tsoin-tsoin...c'est la haine...et j'exulterai le jour...où je vous verrai...*renifle*...sous la forme de macchabées...six pieds sous terre ou non...vos entrailles entendront mon rire...

Le monstre...c'est vous...

Lëana était plutôt contente.
Certes il les avait dénoncé, la surprise qu'ils comptaient provoquer au groupe de Aaron tombait un peu à l'eau, et ils devraient certainement revoir leur feuille de route.
Mais malgré cela elle était contente pour deux raisons.
Et elle allait s'empresser de faire profiter le Docteur de cela.

Sylvia quand à elle s'était montré d'une efficacité redoutable, comme toujours!
Sachant avoir les mots justes au bon moments, et se montrant doué d'une médecine basique mais efficace.
Surement un cours d'Alice se dit-elle pendant qu'elle versait le sel sur les plaies.

Parfait Sylvia.
Tu crois qu'il nous a dit la vérité... ou bien tu penses qu'il ment encore...?
Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en lui mais bon...

Non, dans létat ou il se trouve, il ne nous mentirait certainement pas.


Elle se met alors à marcher doucement dans la pièce en désordre, se remettant de l'émotion de la scène.
Elle sagenouille un moment pour ramasser les lunettes du docteur.
Un verre est abîmé et une branche tordue, mais dans l'ensemble elle sont intacte... un vrai miracle.
Tout en jouant avec, elle lui dit
Un monstre, moi?

Mon pôôôôôvre petit Strangie.
Et tu nourris de bien sombre pensée à mon égard qui plus est...

Tss Tss Tss...

Tu sais, malgré tout ce que tu penses ou crois de moi...
Je t'apprécie énormément.
En vérité, si un jour je suis capable de mener à bien la juste vengeance à laquelle j'aspire, c'est bien grâce à toi.
Je vais t'expliquer.

Quan j'ai quitté Luudion, il y a un moment maintenant, j'étais une pauvre petite ingénue ignorante.
Je ne comprenais pas trop la dureté de ce qui nous est tombé dessus, et je n'ai pas vraiment eu le temps d'y réfléchir.
Nousnous sommes fait chasser comme des chiens errants, nous nous sommes fait poursuivre pendant maintes lunes... mais la réalité c'est que malgré la haine que je vouais à nos bourreaux... malgré les réflexions acides que je leur faisait... Je n'avais pas conscience, pas plus qu'une enfant à vrai dire, de ce que je devrai faire pour obtenir ma vengeance.

Puis vint Omega Nuke. Jusqu'alors j'avais fui l'horreur, ne la percevant que de loin, par des rumeurs ou des bruits.
A Omega tu m'as offert mon premier cadeau: tu m'as montré l'horreur, tu m'as fait sentir le dégout et la souffrance. J'ai pu mettre des images sur ce que je ne faisait que m'imaginer jusqu'alors.

Elle marque une pause comme pour réfléchir à la suite, mais son visage semble serein, rayonnant.
Et aujourd'hui tu viens de m'offrir mon second cadeau Strangie.
Aujourd'hui, grâce à toi, non seulement j'ai pu voir ce que c'était que l'horreur, mais j'ai également réalisé de mes mains ma première vengeance!

son visage semble illuminé, une lueur de folie décelable dans le fond de ses yeux
Oui!
Grâce à toi Strangie, j'ai pu réaliser moi même un des pires actes de l'homme!
Tu m'as donné la raison et la force de te battre à mort, et grâce à tes enseignements bientôt je pourrait y arriver moi même, seule, juste parceqeu je jugerai que c'est nécessaire...

Je t'ai... torturé.

*soupir*

des larmes coulent sur ses joues... un flot d'émotion contradictoire semble la secouer mais elle continue de parler.

Je...
J'ai bien conscience au fond de moi que cet acte est... impardonnable.
Mais... ce que je veux t'expliquer... c'est que grâce à toi, je sais que je n'aurai plus peur.
Désormais, je peux mener cette guerre jusqu'au bout. Et tout anarchiste que je croiserai sur mon chemin ne pourra jamais...
elle insiste.
jamais échapper à ma juste vengeance.

Elle s'approche alors du Docteur et lui remet ses lunettes avec délicatesse, un triste sourire sur le visage, et tandis qu'elle lui carresse délicatement la joue en s'éloignant elle lâche:

Quelle tristesse que nous soyons ennemis...


Laissant Sylvia et Strangelove ensemble, elle sort de la salle pour rejoindre le Rainbow et leur faire part du danger encouru...

Restant impassible face à Strangelove, un moment, elle finit par lui dire :

Je pense être la plus apte à te comprendre, même si je m'opposerai à tout ce que tu feras. Et si un jour la vie de Lëana est en grand danger, tu n'auras pas le loisir de rire sur sa tombe, car je m'occuperai de souiller la tienne...
Jusqu'à maintenant je t'avais à l'oeil, saches que maintenant ce sera pire. Je ne suis pas aussi "gentille" que ma "soeur".
Lave toi tu pues...


...et elle sortit, la lance à la main.