Thé, chasse au coyote et vérités

Alice vide sa cinquième tasse de thé aux champignons magiques quand elle s’effondre par terre, totalement abrutie
Le temps passe

Puis, tout à coup-Toc toc
-…
- Réveille-toi Alice
Elle a juste le temps de reprendre ses esprits que la jeune femme aperçoit le Lièvre de Mars quitter sa tente. Alice se lève précipitamment, renversant son set de thé en crâne qui vient s’écraser sur le sol et déboule hors de ses quartiers

La ville est vide, pas un chat… Sauf peut-être une boule de poils blanche qui emprunte le chemin de la montagne à grande vitesse
Alice la suit en courant et arrive haletante sur le plateau du Mont Bouclier, une table avec deux tasses de thé à la menthe fumantes dressé devant elle
-Monsieur Lapin, vous m’en faites voir du paysage
-Tout voyage commence par un premier pas, Alice. Assied-toi, prend une tasse et écoute, je vais te révéler la vérité, ouvre tes oreilles et ne rejette que ton ignorance

Le Lièvre devient alors Coyote le farceur
-Il existe une terrible malédiction sur Arkham, une ancienne réserve indienne s’y trouvait et…
-Menteur
Alice se lève et se met à frapper, furieuse, le coyote de sa tasse de thé qui devient maillet de croquet
-Il *slacks* n’y *flatch* a *slaks* pas *schlas* de *pash* Coyote *kracks* dans *stash* l’histoire

Alice s’éponge le front en sueur et contemple la masse de chair informe à ses pieds, éclatée, quand, tout à coup, les yeux et la mâchoire du coyote se détachent et s’envolent. Elles forment un visage autour duquel se dessine maintenant un chat
-C’est mieux ainsi, Alice ? Rassied-toi et prend un gâteau.

La jeune femme regarde où se trouvaient il y a à peine encore quelques secondes les restes du coyote et où se trouve maintenant une belle table remplie de gâteaux. Alice, pas étonnée pour un sou se sert et mort à pleine dent dans un petit foour à la crème fraiche tandis qu’elle regarde autour d’elle les arbres de la forêt du Bombyx ou elle est maintenant transformée, de gigantesques champignons changent de couleur, de taille et de forme autour d'elle. Elle fait un coucou à une grosse chenille puis son attention revient sur le chat du Chershire

-Voilà Alice, ici réside une ancienne magie des temps jadis, si ancienne qu’on l’appelle magie « hier-elle ». Bref, tous ses habitants y sont morts, comme la plupart des gens qui y ont séjournés… Toi-même es sûrement maudite pour t’y être arrêtée.

Alice frissonne et reprend vite un gâteau pour se donner contenance tandis que le chat du Cheshire continue
-Cette malédiction est issue des Anciens
-Anciens ?
-Les… sbires de la Reine de Cœur si tu préfères les appeler ainsi. Je poursuis, ces Anciens sont vengeurs et désirent semer la zizanie dans le cœur des gens, ainsi, deux de tes amis ont succombés à leur emprise, ils continuaient à sourire, à te parler comme s’ils te connaissaient mais ce n’était plus eux, ils ont commencés à monter les gens les uns contre les autres, en prêchant le faux pour connaître le vrai et transformer ces vérités en horribles mensonges. Les pauvres ne savaient même pas pourquoi ils faisaient cela… ni pour qui, mais ils voulaient voir le sang couler pour qu’Arkham soit à nouveau vide de la souillure humaine, qu’elle retourne à la nature d’où elle était ici

Alice… le chat s’estompe… On peut contrer cette malédiction, il suffit de reaccorder de la confiance aux gens… Tu peux le faire, je le sais… n’oublie pas, ces pauvres fous ne travaillaient pour personne, juste pour leur propre folie des grandeurs… Alice...
Le chat disparaît puis c’est au tour de son sourire et de ses yeux à s’estomper. Puis plus rien

La tête d’Alice tourne, elle ferme les yeux... les réouvre et se retrouve sur le plateau de la montagne, un goût de fer en bouche, sa batte de base-ball en main, une masse sanguinolente àl 'aspect vaguement huamain à ses pieds

-Oh non, encore… Comment je vais enlever tout ce sang de mes vêtements.
Elle jette un dernier œil au corps et s'essuie le menton avec sa manche
-Je me demande si je le connaissais
Avant de redescendre vers Luudion, la jeune femme crache les morceaux de viande coincés entre ses dents, se recoiffe et ôte en vitesse les cheveux et le sang de sa batte
-Ouiouioui, j'ai du travail aujourd'hui

Alors qu'elle descendait la montagne, Alice se sent surveillée
Se retournant vivement, elle voit un gros rat à l'air affamé la regarder fixement, sur un rocher
Oh, Monsieur le Loir, que faites-vous si loin de Monsieur le Chapelier? Vous vous êtes perdu ou m'avez-vous suivie?

Le rat bondit à ce moment vers elle dans l'intention de l'attaquer. Alice a tout juste le temps d'esquiver et de le frapper du poing par pur réflexe. Un son sourd se fait alors entendre tandis que les doigts de la jeune femme rencontrent le corps mou. La bête tombe à un bon mètre d'elle sur le dos, légerement sonnée

Vilain vilain Monsieur le Loir, il va falloir vous apprendre les bonnes manières
Rapidement, la jeune femme est sur lui et l'attrape par la queue

On veut se sauver? Vilain. Tu es contre moi, toi aussi?
Tout le monde est contre moi, ils veulent tous m'attaquer quand je suis gentille
On va avoir une petite discution, nous deux, oh ouiouioui
La bête esssaye de s'échapper vainement
Mais avant, Alice doit être sure d'avoir toute ton attention, ouiouioui

Elle lui brise alors les quatres pattes d'un air ravi, sous les couinements du rat, quatres craquements secs et brefs
Voilàvoilà, comme ça vous ne vous échapperez plus, oooh non

La jeune femme retourne le rat, tête en haut maintenant et l'approche de son visage
On peut parler, maintenant, Monsieur le Loir? Qui d'autre est contre moi
Elle le secoue
Qui? Tu vas me le dire? JE-VEUX-DES-NOMS
Malgré des secousses et les coups sur la tête, le rat ne dit évidemment pas grand chose
Alice, rouge de colère, le jete contre un rocher où il va se fracasser

Méchant Monsieur le Loir, méchant
Elle s'approche du corps du rat et regarde fascinée ses tripes à l'air. Elle tatonne un peu puis très vite, explore le corps du rat de ses dix doigts
Intéressant... très intéressant
Il ne reste bientôt plus qu'une charpie du corps
Déjà fini? Trop petit... ohhh oui, vraiment trop petit... Alice doit pouvoir...

Elle ne finit pas sa phrase comme son regard porte sur Luudion en contre-bas, un grand sourire se dessine sur son visage
Oui... je dois pouvoir...

Depuis sa retraite dans la montagne, de nombreuses choses semblaient avoir changé dans Luudion.
La fête des Morts, le massacre des Traîtres, les menaces des anciens asiatiques, et puis les cowboyes trop maquillées...
Tout semblait partir à vau-l'eau.

Mais de tout ceci elle n'avait cure.
Depuis son retour, même Tortue, l'avait boudé... il semblait préoccupé lui aussi.

Alors Lëana se tourna vers sa seule amie.
La seule qui ait toujours été sincère avec elle. Elle l'avait laissé elle aussi. Elle l'avait abandonné a sa... folie.
Pourtant elle avait promis de l'aider.
Encore une fois j'ai failli se dit-elle.

Et maintenant que restait-il de la pauvre femme-enfant.

Elle avait suivi Alice à bonne distance quand elle s'était enfuit dans la montagne et attendit qu'elle s'en soit allé pour s'approcher du cadavre mutilé.
Un haut le coeur remua ses entrailles et elle remit tout ce que son estomac contenait derrière un rocher.

Je n'ai pas été capable de t'aider...
Au moins ferais-je en sorte que personne ne te fasse de mal.
Je le promets.

Prenant son courage à deux mains, et le sac plastique qu'elle tenait elle ramassa un a un les différents morceaux du cadavre sanguinolent.
Des larmes coulaient le long de ses joues

Personne n'en saura rien mon amie. J'en fais le serment...
Excuse moi Alice... excuse moi.

Un sanglot l'étrangla alors qu'elle mettait les dernières masses de chairs sanguinolentes dans le sac...